Malaise à l'hôpital : "sans annonce forte et précise, tout peut déraper"

Le Premier ministre Edouard Philippe doit annoncer mardi un plan afin de modifier "l'offre de soins". Une série de groupes de travail pour baliser "les changements indispensables" sera mise en place. Cela suffira-t-il, tant la situation est aujourd'hui à vif, prête à déborder ? s'interroge Libération. "Je n'ai jamais ressenti un tel climat. Tout le monde se plaint. Et à juste titre", note un directeur d'un grand CHU de province, d'ordinaire mesuré. Le mouvement a de fait pris de l'ampleur et de la vigueur depuis que la ministre de la Santé elle-même a déclaré en décembre dans Libération que l'on était arrivé "au bout d'une histoire et d'un système". Cette reconnaissance des pouvoirs publics a entraîné un déluge de prises de parole. "Ce qui se passe est une chance. Les acteurs de santé sont épuisés, mais ils n'ont pas encore perdu l'envie de s'engager", analyse un chef de service d'orthopédie parisien. Mais le gouvernement n'a pas encore de réponse précise. "De l'argent, il y en a. On dépense beaucoup pour la santé, près de 11 % du PIB, et la moitié va à l'hôpital", constate un haut fonctionnaire. "Le problème, c'est la répartition. Nous avons trop d'hôpitaux dispersés. On dépense pour des actes inutiles, des services sont inutiles. Il faut aller beaucoup plus loin dans les regroupements hospitaliers". Les groupes de réflexion devraient aborder des thèmes très variés, comme les conditions de travail, le numérique, la pertinence des soins, l'organisation interne, mais aussi le financement, en mélangeant médecine de ville et hôpital. "Pourquoi pas, si le gouvernement sait où il veut aller. Mais sans annonce forte et précise, tout peut déraper», prévient un ancien syndicaliste hospitalier.

(Libération - 12 février 2018)