Les patients chroniques, premières victimes du confinement

Le confinement a engendré d'importants retards dans toute la chaîne de soins. "Personne n’en est sorti indemne. Je pose la question systématiquement à tous mes patients, non directement touchés, âgés de 16 à 60 ans. Ils sont tendus et épuisés", explique au Monde Xavier Marc-Tudor, généraliste à Nantes. Beaucoup de ses patients font état de fatigue et/ou de faiblesses musculaires, de douleurs lombaires, d’essoufflement. "Les muscles ont fondu, leur cœur et leurs poumons ont perdu l’habitude de l’effort, c’est un peu comme s’ils sortaient d’une longue période d’hibernation." Surtout, l’impact sur la santé des personnes souffrant de pathologies chroniques pourrait être très important. Les généralistes font part de problèmes de déséquilibres thérapeutiques parmi leurs patients, dont les traitements ne sont parfois plus adaptés. "La grande majorité des diabétiques n’a pas bougé par peur de sortir", constate Jacques Battistoni, président de MG France. "Le diabète, c’est un peu un jeu de l’oie, et ils ont régressé de plusieurs cases: ils ont pris du poids, ont déséquilibré leur alimentation, leurs résultats. C’est valable pour toutes les pathologies chroniques pour lesquelles l’exercice est un paramètre important, comme les hypertendus." Les données d’Epi-Phare font aussi état d’un constat inquiétant, mettant en évidence un nombre d’initiations de traitements chroniques en très forte baisse par rapport aux années précédentes, que ce soit pour les traitements antihypertenseurs, les antidiabétiques oraux, ou les statines (contre le cholestérol).

(Le Monde – 15 juillet 2020)