Les médecins redoutent les dégâts collatéraux de l’épidémie

La prise en charge des patients infectés par le Covid-19 a pris le dessus sur tout le reste. De nombreux médecins s'inquiètent pour leurs patients chroniques, diabétiques, insuffisants cardiaques… qu'ils ne voient quasiment plus. Dans un communiqué, le Collège national des généralistes enseignants alerte ainsi sur "une détérioration de la qualité des soins et de la surveillance de tous les patients fragiles et polypathologiques". Elle "risque d’augmenter les hospitalisations et la mortalité liées aux autres causes que le Covid". Aux urgences, "on a l’impression de moins prendre en charge des infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux, ce qui nous inquiète un peu, car il n’y a pas de raison que leur nombre soit à la baisse", explique François Braun, président de SAMU-Urgences de France. Christophe Couturier, responsable des urgences du centre hospitalier de Dunkerque (Nord), confirme cette tendance. "Dans les Hauts-de-France, l’activité hors Covid des urgences hospitalières a baissé de 50% à 80% depuis le 15 mars." A l'hôpital, les activités de transplantation d’organes sont déjà réduites de 50%, de nombreuses hospitalisations sont déprogrammées et certaines interventions annulées. "On commence à observer des retards à la prise en charge de certaines pathologies", s’inquiète aussi un médecin interniste. Selon Pierre-Louis Druais, membre du conseil scientifique Covid-19, la situation a été abordée dès le début de l'épidémie. "Sans surveillance, la mortalité des personnes de plus de 75 ans pourrait être majorée de 10%. Il est donc indispensable de poursuivre un suivi et des soins de première ligne."

(Le Monde – 1er avril 2020)