Le Royaume-Uni fait face à des pénuries de médicaments sans précédent

Si les pénuries de médicaments sont un phénomène régulier dans l’ensemble des pays européens, la situation au Royaume-Uni est particulièrement critique. Elle s’est accentuée ces dernières années, jusqu'à devenir une "nouvelle normalité" difficile à gérer pour les pharmacies, les médecins et les patients. "De plus en plus de patients à travers le Royaume-Uni voient leur pharmacien leur dire que leur traitement n'est pas disponible, ne sera peut-être pas disponible rapidement et ne sera probablement disponible dans aucune autre (pharmacie) à proximité", constate Mark Dayan, du Nuffield Trust. L'étude menée par le centre britannique de réflexion spécialisé dans la santé, pointe la responsabilité du Brexit, qui "a sans nul doute affaibli significativement la capacité du Royaume-Uni à répondre" aux pénuries, en l’isolant de l’effort européen en cours pour redéfinir les chaînes d’approvisionnement et des mesures collectives qui sont mises en place dans l’UE pour gérer les pénuries. Les médicaments "ne circulent plus aussi facilement" entre le Royaume-Uni et l’UE, et les autorités britanniques mettent aussi en général plus de temps que les autorités européennes pour autoriser de nouveaux médicaments. Ainsi, le gouvernement est obligé de déclencher plus souvent un mécanisme qui permet de surpayer des médicaments pour accélérer l'approvisionnement. Utilisé une vingtaine de fois par mois avant 2016, son recours a grimpé à 199 par mois fin 2022, pour un surcoût d'environ 257 millions par mois. Les experts appellent ainsi le gouvernement à revoir le système d’approvisionnement, et à améliorer la communication avec les professionnels de santé sur les alternatives disponibles en cas de pénurie.

(Les Échos – 19 avril 2024; Libération, L'Obs – 18 avril 2024)