Le projet de "grande Sécu" rencontre peu de soutien au HCAAM

Réunis en visioconférence jeudi, les membres du Haut Conseil sur l’avenir de l’assurance-maladie (HCAAM), qui représentent les assureurs, syndicalistes, professionnels de santé et patients, ont vécu une séance "très très mouvementée. Il y avait beaucoup d'exaspération", rapporte l'un d'eux. Sans surprise, les assureurs voient d'un mauvais œil l'idée de perdre une grande partie de leur activité: "C'est vraiment un projet perdant-perdant. Si on veut savoir quelles en seraient les conséquences, il suffit de regarder ce qui se passe en Grande-Bretagne. Les personnes les plus aisées peuvent se payer une complémentaire santé et avoir accès à un médecin haut de gamme pour lequel il y a moins de temps d'attente. C'est vraiment un système de santé à deux vitesses avec un médecin pour les riches et un médecin pour les autres", explique aux Échos Florence Lustman, la présidente de la Fédération française de l'assurance (FFA). Selon elle, "environ 100.000 emplois seraient menacés par la 'grande Sécu'". Les médecins libéraux aussi font part de leur appréhension, en craignant, face à un tel projet, de ne plus pouvoir facturer autant de dépassements d'honoraires qu'aujourd'hui. Tout comme les syndicats: "Lorsqu'il est seul décideur, comme à l'hôpital, l’État peut conduire à l’asphyxie", attaque la CFDT. Un conseiller de l'exécutif précise toutefois que le rapport, dont la publication a été décalée à mi-décembre, est davantage lu comme un  instrument de pression sur les mutuelles que comme une pierre à apporter au projet présidentiel d'Emmanuel Macron.

(Le Monde, Le Parisien, Les Échos – 19 novembre 2021)