Le bond des troubles des conduites alimentaires pendant la Covid ne retombe pas
La Covid et ses différentes périodes de confinement ont fait bondir les diagnostics d’anorexie mentale, de boulimie nerveuse ou d’hyperphagie boulimique en France. Libération rapporte des consultations multipliées par deux à Rouen ou encore des hospitalisations en hausse de 50% au CHU de Montpellier. Plus de 600.000 personnes souffrent ainsi de troubles de conduites alimentaires (TCA) en France, particulièrement des femmes âgées de 17 à 25 ans. Et si on élargit à l’ensemble des troubles de conduites alimentaires, c’est près de 10% de la population qui serait concernée, selon certains experts. Surtout, même si la vague semble avoir atteint son sommet fin 2021, elle ne perd, depuis, rien de son ampleur. À la clinique Béthanie, en Gironde, les patients de Xavier Pommereau, psychiatre, lui font désormais part de leur "désarroi" et de leur "angoisse" face à la guerre en Ukraine, l’emballement de l’inflation et l'utilisation intensive des réseaux sociaux. Nicolas Sahuc, diététicien spécialisé dans les troubles alimentaires, y dénonce la propagation de comptes fitness, menés par "des coachs qui se prétendent nutritionnistes parce qu’ils ont eu quatre heures de cours". Ces nouveaux profils s’accompagnent également de pathologies plus sévères, avec surtout une modification de symptômes qui laisse les spécialistes pour l’instant désarmés. "Les anorexiques sont d’ordinaire des adolescentes très perfectionnistes et très bonnes élèves", détaille Sébastien Guillaume, responsable de l’équipe TCA au CHU de Montpellier. "Désormais, on a affaire à de jeunes filles très instables émotionnellement, à haut niveau de risque suicidaire."
(Libération – 3 juin 2022)