La réforme de l'hôpital, chantier à haut risque pour Agnès Buzyn en 2018
Etranglés financièrement, les hôpitaux publics, qui devraient connaître un déficit historique de 1,5 milliard d'€ en 2017, tirent la sonnette d'alarme. Les personnels, à qui l'on demande de faire plus avec moins de moyens, sont stressés et épuisés. Depuis plusieurs semaines, des mouvements de grève ont lieu, les soignants dénonçant la dégradation de leurs conditions de travail et le manque d'effectifs. Dans une pétition publiée hier, des médecins et cadres de santé hospitaliers appellent ainsi à une réforme du financement des établissements. La ministre de la Santé s'est déjà saisie du problème: "Stop à l'hôpital entreprise, à la pression administrative, aux pressions budgétaires", a-t-elle ainsi déclaré le 12 janvier sur Europe 1. "Je tiens à ce que notre hôpital retrouve sa place. Des annonces vont être faites". En plus d'une rallonge financière de 1,8 milliard pour 2018, elle propose de revoir les modes de financement de l'hôpital, et de "sortir progressivement du tout T2A". Un véritable changement de paradigme, souligne le Figaro. Instaurée en 2004, la taxe à l'activité (T2A), qui fixe les ressources des hôpitaux en fonction des actes produits, a généré une course effrénée à la recherche de patients et aux parts de marché, et une inflation du nombre d'actes pour être rentable. Mais le problème est profond. Le Monde, qui publie un article sur la formation des directeurs d'hôpitaux, insiste sur son rôle aujourd'hui de chasseur de coûts et de régulateur des dépenses des équipes soignantes. "Nous sommes au milieu d'injonctions paradoxales, reconnaît Nathalie Robin Sanchez, directrice de l'établissement de santé mentale de Blain (Loire-Atlantique). "On doit faire mieux avec moins. Il y a parfois un décalage entre les décisions que l'on doit porter et la réalité de la vie des services".
(Le Figaro, Le Monde - 17 janvier 2018)