"La Covid-19 aurait pu servir de leçon"
Le Monde fait le bilan de trois ans d'épidémie et d'une mobilisation qui n'a cessé de diminuer en France. "On s’est aperçu que la population s’adapte aux indicateurs: lorsque l’incidence baisse, on cesse de se protéger. Et cette banalisation du risque s’accélère au cours du temps ; à chaque vague, la mobilisation cognitive et comportementale diminue", analyse Jocelyn Raude, enseignant-chercheur en psychologie sociale à l’École des hautes études en santé publique (Ehesp). Ainsi, même lors de la triple épidémie grippe-bronchiolite-Covid-19 de l’hiver 2022, qui a pourtant pesé sur les hôpitaux, la remontée de pratiques comme le port du masque dans les transports a été très limitée (+10%, selon le chercheur). "Les acteurs de santé publique espéraient qu’il y ait un apprentissage et une acculturation comme dans les pays asiatiques, mais on observe plutôt une forme de résilience, les gestes prépandémiques reprennent leurs droits", ajoute le chercheur. Mélanie Heard, responsable du pôle santé à Terra Nova, déplore un "rendez-vous manqué". "La Covid-19 aurait pu servir de leçon: quand on est malade, on a une responsabilité envers les autres, de ne pas les contaminer, en portant son masque par exemple", indique-t-elle, en insistant sur la nécessité de protéger les personnes les plus à risque, comme les immunodéprimées. Bruno Lina, directeur du Centre national de référence des virus des infections respiratoires à Lyon, est toutefois un peu plus optimiste. "Les plus fragiles auront appris à se méfier des virus respiratoires. Ils portent plus volontiers le masque dans des lieux fréquentés."
(Le Monde - 13 mars 2023)