"La chimie a-t-elle perdu la bataille des médicaments ?"
Henri-Philippe Husson, président honoraire de l'Académie nationale de pharmacie, s'interroge dans Le Figaro sur l'avenir de la chimie dans la recherche pharmaceutique face à la révolution des biomédicaments. "Les biotechnologies, qui donnent accès par manipulations génétiques à des principes actifs comme l'insuline, l'hormone de croissance ou les inducteurs de l'ovulation dans le cadre de la procréation médicalement assistée, représentent déjà le cinquième des médicaments récemment mis sur le marché", explique l'expert. Sans oublier les thérapies nouvelles (génique, cellulaire ou tissulaire) qui gagnent du terrain face à certaines maladies jusqu'alors sans alternative pharmaceutique. Pour Henri-Philippe Husson, il convient cependant de "relativiser le miracle biologique". "La puissante activité thérapeutique des anticorps monoclonaux a pour contrepartie des effets indésirables importants et un développement clinique délicat. Leur complexité de production se répercute logiquement sur le coût des traitements, de l'ordre de dizaines de milliers d'€ par an par personne..." Ainsi, "en cohabitation avec les biotechnologies, la chimie continuera à se prévaloir d'avancées thérapeutiques importantes". De nouveaux investissements sont nécessaires, alors que "les armoires des laboratoires de chimie regorgent de milliers de produits qui n'ont pas été évalués à la lumière des nouvelles découvertes de la biologie. Des molécules simples et peu coûteuses trouveront peut-être des applications inattendues".
(Le Figaro - 11 septembre 2017)