L'OMS continue d'étudier toutes les pistes sur l'émergence du Sars-CoV-2

Les premières conclusions de l'enquête de l'OMS à Wuhan, en Chine, sur les origines de la pandémie ont été fortement critiquées. Lors d'une conférence de presse, Peter Ben Embarek, chef de la mission, avait indiqué que ses travaux se concentreraient désormais sur la quête d'une origine "naturelle" du virus, soit d'un animal ou de la viande surgelée importés à Wuhan. Des déclarations qui ont provoqué une levée de boucliers dans la communauté scientifique mondiale et au sein de l'OMS. L'organisation n'a d'ailleurs relevé aucun cas de contamination par surface depuis le début de la pandémie. Son directeur, Tedros Adhanom Gebreyesus, a ainsi dû contredire publiquement la mission, rappelant que toutes les pistes nécessitaient toujours une enquête approfondie. "Cette conférence de presse de l'OMS avec les autorités chinoises était choquante. Plutôt que de mener une enquête médico-légale, les envoyés de l'OMS se sont mués en complices des théories poussées par les autorités chinoises", déplore Jamie Metzl, chercheur à l'Atlantic Council, ancien membre du cabinet de Joe Biden au Sénat. Peter Ben Embarek a lui-même reconnu dans une interview l'intense pression des experts lors de leur visite. "Nous étions toujours accompagnés de 30 à 60 collègues chinois, dont un grand nombre n’était pas scientifique." Jamie Metzl dénonce en outre l'opacité de la Chine, qui a supprimé les bases de données en ligne de ses laboratoires et édicté des règles bâillonnant les scientifiques, sous peine de poursuites criminelles. Et juge l'hypothèse d'une origine liée à un laboratoire comme la plus probable. "Wuhan est très loin des régions où vivent les chauves-souris rhinolophes, qui portent les virus parents du Sars-CoV-2", explique-t-il, en rappelant que le virus identifié le plus proche est le RATG13, prélevé et isolé par une équipe de l'Institut de virologie de Wuhan. 

(Le Point – 17 février 2021)