L’addiction aux antidouleurs, un risque encore mal maîtrisé en France

Douze millions de Français prennent des opioïdes pour lutter contre la douleur, et quelque 10 millions des benzodiazépines, contre l’anxiété et les troubles du sommeil, avec des risques de mésusage et de dépendance, rapporte Le Monde. Le journal donne la parole à des patients, comme Jean-Marie Ossart, traité depuis des années pour des douleurs au dos liées à une malformation de la colonne vertébrale. "Les médecins m’ont d’abord prescrit des antidouleurs, des décontractants musculaires, puis ils m’ont donné de la morphine à libération prolongée, du Skenan® (sulfate de morphine)", un opioïde puissant. Après cinq ans de traitement, il fait une première crise de manque et entre alors dans une prise en charge de l'addiction. Aujourd'hui, il s'interroge: "Pourquoi m’a-t-on laissé me gaver de médocs de 2012 à 2017 ? Pourquoi ne m’a-t-on rien dit… ?" Sa situation n'est pourtant pas isolée, alors que 12 millions de personnes ont eu une prescription d’antalgiques opioïdes au cours des 12 derniers mois, dont 800.000 pour ceux de palier 3, les plus forts. Si la situation est moins critique qu’aux États-Unis, où près de 100.000 personnes meurent chaque année d’une overdose aux opioïdes, "ça reste un sujet préoccupant en raison d’un mésusage important", explique Maryse Lapeyre-Mestre, responsable du centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP) de Toulouse.

(Le Monde – 4 décembre 2024)