Infirmiers et pharmaciens veulent lutter contre le gaspillage des produits de santé

Environ 123 millions d'€ de médicaments et dispositifs médicaux (pansements, sondes et autres petits et gros matériels inutilisés) seraient jetés chaque année en France, selon le syndicat Convergence infirmière qui a lancé une opération "Balance ton gaspi". Outre leur coût, l’empreinte carbone de ces produits inutilisés s’élèverait à 650.000 tonnes de CO2 par mois. En cause, des prescriptions parfois longues et inadaptées. "Les patients vont avoir des boîtes qui s’entassent. La solution est de prescrire le médicament pour quatre ou cinq jours avec renouvellement si besoin", explique au Figaro la Dr Eva Kozub, médecin généraliste qui pilote le groupe de travail "santé planétaire" au sein du collège de médecine générale. Les pharmaciens eux-mêmes peuvent être à l’origine d’une "surdélivrance". "Il n’est pas rare de voir des boîtes de 90 comprimées délivrées tous les mois, à la place de boîtes de 30", constate Ghislaine Sicre, présidente de Convergence infirmière. Les malades aussi jouent un rôle dans cette accumulation, en préférant renouveler et ranger les médicaments dans les armoires sans les prendre, sans forcément les prendre. Afin de mieux lutter contre ce gaspillage, les infirmières proposent à l’Assurance-maladie d’instaurer une consultation en soins infirmiers pour évaluer l’état des stocks chez leurs patients avant chaque renouvellement. Quant aux pharmaciens, ils sont en train de négocier une incitation financière. "L’objectif étant de créer un modèle économique vertueux dans lequel le pharmacien délivre le médicament de façon la plus juste possible", explique Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.

(Le Figaro – 2 septembre 2024)