Grossistes-répartiteurs: la logistique des pharmacies sous pression

Le Monde enquête sur l'économie chancelante des grossistes-répartiteurs. Ces entreprises assurent plus de 70% des approvisionnements de médicaments remboursés des près de 20.000 pharmacies françaises, qu'elles sont tenues de livrer deux fois par jour. Soit quelque 1,8 milliard de boîtes de médicaments qui passent entre leurs mains chaque année et 6 millions de traitements expédiés quotidiennement. Elles jouent ainsi un rôle clé dans la chaîne de santé en France et dans la traçabilité des médicaments. Mais "le secteur est en souffrance", prévient Emmanuel Déchin, délégué général de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique. "En 2019, nous avions bénéficié d’un plan de soutien du gouvernement. Grâce à cela, nous étions en train de revenir à l’équilibre, mais l’inflation des dernières années a tout absorbé." Résultat: malgré un chiffre d’affaires en hausse, à 21,5 milliards d'€ en 2023, la filière affiche une perte de près de 8 millions. Sans grande marge de manœuvre pour y remédier. Car la marge des grossistes-répartiteurs est fixée par les autorités, à 6,93% pour chaque boîte de médicaments remboursée, avec un plancher de 30 centimes et un plafond de 32,50 €. Ils font par ailleurs face "à une fiscalité élevée, dont la conséquence est que, pour les médicaments dont le prix de vente dépasse 18.500 € la boîte, les 'médicaments chers', nous perdons même de l’argent", note Emmanuel Déchin. Pour s’en sortir, les "pharmacies des pharmacies" misent de plus en plus sur les autres produits de santé vendus à prix libre, certains dispositifs médicaux ou encore les médicaments sans ordonnance. "Ces derniers représentent toutefois moins de 10 % du chiffre d’affaires du secteur." La filière a également engagé une vague de consolidation pour réduire les coûts. En 2024, deux acteurs français centenaires, la CERP Rhin Rhône Méditerranée et la CERP Rouen, ont par exemple fusionné pour devenir CERP (33% de part de marché).

(Le Monde – 4 décembre 2024)