Entre peur et mobilisation, les soignants redoutent la vague à venir

Libération remercie les soignants, en première ligne face à l'épidémie qui s'accélère en France, où 10.995 cas, 372 décès et 1.122 patients en réanimation sont désormais rapportés. Et qui font face à la certitude de temps à venir particulièrement tendus et difficiles. Un stress maximal qui s’ajoute à la fatigue qui préexistait au Covid-19, chez des personnels déjà en flux tendu à cause des économies budgétaires. "On le vit, mais on n’y croit pas. Ça a été tellement vite", explique une infirmière épuisée: "On intube des patients dont on ne sait pas quoi faire puisqu’il n’y a plus de place nulle part… J’ai croisé hier une réanimatrice au bout de sa vie. Cela faisait trois jours de suite qu’elle n’avait pas dételé." Quand elle rentre chez elle, l’angoisse la tenaille: "Je vis avec la peur de ne pas tenir la distance, d’infecter mes enfants et ma famille. Je me tiens à l’écart de tout le monde, y compris de mon compagnon. C’est dur." Raphaël Pitti, anesthésiste réanimateur à Metz, se félicite d’une mobilisation "dans un bon esprit" et "dans le calme, pour le moment". L’hypothèse d’avoir à "trier", en cas d’afflux ? "Il est évident que la prise en charge des malades se fera selon l’espérance thérapeutique de chacun, il n’y a rien de nouveau à cela. S’il n’y en a pas, on ne va pas perdre une place quand on a quelqu’un qu’on sait pouvoir sauver."

(La Croix, Libération – 20 mars 2020)