Déprogrammation de soins : "Je vais être obligé de sélectionner parmi les cancers"
Les déprogrammations de soins vont s'accélérer pendant au moins trois semaines dans les hôpitaux les plus touchés par la deuxième vague de Covid. "Je pensais que les déprogrammations d’opérations resteraient limitées et que les malades non Covid seraient épargnés. Mais là, on fait face à une injonction de réductions massives", explique au JDD Michaël Peyromaure, chef du service d’urologie du CHU Cochin à Paris. "Je vais être obligé de sélectionner parmi les cancers. Un cancer de la prostate est moins urgent qu’un cancer de la vessie, donc il devra attendre. Et pour éviter d’encombrer les réanimations, même certains cancers de la vessie devront patienter alors qu’ils sont urgents." Samedi, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) a lancé une alerte intitulée "Déprogrammations: attention danger !" Son auteur, Franck Devulder, veut "tout faire pour que ce qui s’est passé au printemps ne se reproduise pas". "Loin de nous l’idée d’appeler à la résistance face à ces déprogrammations, mais il faut éviter qu’elles soient massives sinon on court à la catastrophe sanitaire", explique-t-il. Il redoute en particulier que les annulations soient imposées d’en haut par certaines directions d’établissements. "Laissons aux médecins le soin de choisir quels patients ils peuvent déprogrammer ou pas."
(Le Journal du Dimanche – 1er novembre 2020)