Bercy menace de s'opposer à la cession de Biogaran à un industriel étranger
Dans un communiqué publié hier en réponse à l'article des Echos sur le processus de vente du spécialiste des génériques Biogaran, Servier assure qu'"aucune décision n’est prise". Le groupe ne veut "pas commenter les rumeurs", ajoutant qu’il "a opéré un virage majeur dans les traitements innovants, notamment en oncologie", et que "les revues stratégiques sont régulières pour maximiser le potentiel de toutes nos activités". Mais une potentielle vente de sa filiale à un acteur indien – Torrent Pharmaceuticals et Aurobindo Pharma sont cités parmi les quatre repreneurs potentiels –, fait craindre une délocalisation de la production de médicaments, aujourd'hui confiées à des sous-traitants français et européens via des contrats n'excédant pas 3 ou 4 ans. Le ministre de l'Industrie Roland Lescure a ainsi réagi en indiquant que "si un investisseur étranger souhaite acheter Biogaran, nous nous laissons la possibilité d'activer la procédure dite IEF [investissements étrangers en France]". Elle permet de contrôler les investissements réalisés par des entreprises étrangères en France dans des secteurs stratégiques. "Dans le cadre de cet examen, nous déterminerons les conditions nécessaires et proportionnées pour assurer notre souveraineté sanitaire", assure Roland Lescure. Selon Libération, la procédure de vente semble toutefois bien engagée. Dans les officines, "cela fait longtemps que l’on est au courant de la mise en vente de Biogaran", commente Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France. Pour l'économiste de la santé, Frédéric Bizard, cette configuration était "prévisible puisque la maison mère avait annoncé qu’elle souhaitait céder sa filiale pour investir notamment en oncologie ou en tout cas dans des spécialités d’innovation".
(Le Figaro, Les Échos, Libération – 19 avril 2024; L'Usine Nouvelle – 18 avril 2024)