Avec Bioverativ Sanofi prend un nouvel élan dans les maladies rares
Sanofi a annoncé hier le rachat de Bioverativ, une société américaine de biotechnologies spécialisée dans la lutte contre l'hémophilie, pour 11,6 milliards de $ (9,5 milliards d'€). Il s'agit de sa plus grosse acquisition depuis 2011, après la reprise de Genzyme, une autre biotech américaine, pour 20 milliards de $ (15 milliards d'€ à l'époque). La transaction, annoncée soudainement dimanche par le Wall Street Journal, n'a pourtant rien d'improvisé. Selon Le Figaro, les discussions ont été engagées au cours de l'année dernière, en toute discrétion. Il faut dire que Bioverativ est une cible de choix. A la fois jeune - elle n'existe en tant que société indépendante que depuis un an à peine - et ancienne, puisqu'elle est issue de la scission de la division d'une autre grande biotech américaine, Biogen, elle s'inscrit sur un marché dynamique. Les traitements de l'hémophilie représentent environ 10 milliards de $ de ventes annuelles, avec une croissance moyenne de 7% par an jusqu'en 2022, fait-on valoir chez Sanofi, en expliquant qu'il s'agit de "la plus importante de toutes les maladies rares". Les ventes des deux traitements phares (Alprolix® et Eloctate®) de Bioverativ ont d'ailleurs enregistré une hausse de 27% au troisième trimestre 2017, à 274,8 millions de $. Mais certains investisseurs estiment son prix trop élevé, face à une concurrence importante dans le secteur, avec notamment le lancement d'Hemlibra® (emicizumab-kxwh) de Roche. Pour Sanofi en revanche, le montant de l'opération est jugé comparable aux rachats de sociétés de biotechnologie équivalentes. Sans oublier que Bioverativ affichait l'an dernier une marge opérationnelle de 40% pour une activité en croissance de 30%. Une acquisition de cette ampleur par Sanofi était en tout cas attendue depuis plusieurs mois, après l'échec des rachats de l'américain Medivation et du suisse Actelion, en 2016.
(La Croix, La Tribune, Le Figaro, Les Echos - 23 janvier 2018)